10 décembre 1940 - 21 Janvier 2016
Artisan de la proclamation officielle de
Patrice E. Lumumba comme Héros National du Congo


Le récit de la proclamation
raconté par Gérard KAMANDA WA KAMANDA
« Lumumba a été proclamé « Héros National », en 1966, par le Président Mobutu, à la suite de la demande que je lui avais faite, en présence de Jacques Bongoma et de Jean Jacques Kande, comme condition pour entrer dans son cabinet, comme Conseiller juridique.
Je réalisai là une résolution de l'Union Générale des Etudiants Congolais dont j'avais été Secrétaire Général et co-fondateur, mais aussi le vœu de tous les nationalistes congolais. Cette proclamation fut approuvée non seulement par l'ensemble du peuple congolais, mais aussi par tous les progressistes africains et du tiers-monde.
J'obtins en plus qu'un monument fût érigé en sa mémoire. La première pierre de ce monument fut posée, en septembre 1966, à l'emplacement de l'échangeur de Limete, à Léopoldville, aujourd'hui Kinshasa, en présence des Chefs d'Etat et de Gouvernement africains venus participer au 4ème Sommet de l'Organisation de l'Unité Africaine. Mobutu qui venait de prendre le pouvoir avait besoin de s'affirmer au plan intérieur et au plan africain. Il avait eu besoin de faire la paix avec les nationalistes congolais et avec les progressistes africains qui n'avaient pas oublié son rôle dans le calvaire de Lumumba. Quant à nous, nous voulions marquer un point irréversible, en faisant reconnaître le rôle capital de Lumumba dans le façonnement de la Nation congolaise par ceux-là mêmes qui l'avaient combattu jusqu'à la mort, et commencer le processus de sa complète réhabilitation.
Mais les membres du Groupe de Binza, encore en vie, se sentirent directement visés, et multiplièrent les pressions sur Mobutu pour que le monument de Lumumba qui avait été commandé en Corée du Nord ne fut pas hissé au sommet de l'édifice érigé à sa mémoire, au carrefour des routes conduisant aux quatre portes de Kinshasa. Une campagne fut déclenchée contre moi et Jacques Bongoma nous accusant d'être des communistes et de vouloir enfermer Mobutu dans un réseau de contradictions pour mieux opérer un coup d'Etat contre lui. C'est sur ces entrefaites qu'un an après, je quittai le pays pour aller épauler mon ami Diallo Telli, premier Secrétaire Général de l'OUA, comme Directeur de Cabinet, à Addis-Abeba.
Pour notre pays, c'est une question de dignité de faire un jour toute la lumière sur l'assassinat du 1er Premier Ministre de la République, une figure de proue de la lutte d'émancipation des peuples d'Afrique, et d'établir toutes les responsabilités de ce crime odieux qui est, encore de nos jours, au cœur des divisions, après avoir provoqué les deux plus grandes guerres civiles que le pays a connues. »
Récit de feu Me G. KAMANDA WA KAMANDA